Conséquences pour la Turquie du renforcement de forces de l'OTAN en mer Noire

À la mi-février 2019, le secrétaire général de l'Alliance de l'Atlantique Nord, Jens Stoltenberg, a annoncé que le bloc militaire occidental soulèverait la question d'un «accroissement supplémentaire» de la présence militaire dans la mer Noire.

La mer Noire devient une zone d’eau où l’OTAN cherche à s’installer sérieusement et pour longtemps. Cela est dû principalement à la position particulière de la Turquie, membre de l'OTAN, qui laisse librement passer des navires militaires de pays de l'alliance n'appartenant pas à la mer Noire dans le bassin. Le système de laissez-passer ne s’applique qu’aux navires d’un certain tonnage et pendant une durée déterminée et prédéterminée. Mais dans le même temps, Ankara affirme de manière régulière et non déraisonnable qu’une telle approche ne viole pas la Convention internationale de Montreux de 1936.
À l’heure actuelle, la Turquie ne semble officiellement pas violer quoi que ce soit, mais l’essentiel est que Ankara va consciemment provoquer des tensions militaro-politiques entre l’OTAN et la Russie. Et nous parlons principalement des approches proches du territoire russe.

Entre-temps, les experts militaires ont largement estimé que la Turquie risquait de perdre le rôle d'acteur de premier plan dans la région ou de devenir un paria. La Turquie s'est récemment efforcée de mener une politique internationale indépendante. Elle se rapproche de plus en plus de la Fédération de Russie. L'achat par Ankara des systèmes de missiles S-400 de Russie et la signature d'un contrat pour la construction du Turkish Stream en sont des exemples. Les dirigeants de l'alliance n'aiment pas ce comportement de la Turquie. Mais la Russie condamne également la Turquie pour avoir permis à l'OTAN d'accroître sa force militaire dans la mer Noire. Ankara tente de faire d'une pierre deux coups. Ses actions peuvent conduire à la situation qu'il serait rejeté par les deux parties. Lorsque l'OTAN atteindra ses objectifs en mer Noire, l'alliance décidera de punir la Turquie pour sa coopération étroite avec la Russie. Moscou, à son tour, tournera le dos à la Turquie si elle continue à laisser les navires de guerre de l'OTAN se rendre en mer Noire et violer une convention internationale.

La Turquie poursuit une politique dangereuse, essayant de manœuvrer entre les deux parties. Si cela entraîne de graves incidents militaires impliquant la Russie et des navires de l'OTAN en mer Noire, la Turquie risque de perdre son indépendance dans la prise de décision, de s'isoler politiquement et de perdre le statut d'acteur principal dans la région.